6 idées reçues sur le commerce équitable

Des modes de production et d’échange plus justes font désormais partie des attentes de nombreux consommateurs : les ventes du commerce équitable en France ont progressé de 12% en 2020, ce qui a représenté 1,83 milliard d’euros de produits vendus1. Une alternative plébiscitée par beaucoup, et pourtant encore très souvent sujette aux idées reçues. Alors que certaines se vérifient, d’autres sont au contraire totalement fausses ! Faisons le point ensemble sur six d’entre elles.

“Le commerce équitable, c’est seulement pour le café et le chocolat”

FAUX

Il est vrai que le café a été le premier produit certifié par le label Max Havelaar en 1988. Il faut dire que c’était à l’époque le premier label dont la mission était de proposer un modèle concret de commerce équitable2. Cependant, le commerce équitable avait vu le jour quelques années plus tôt pour de nombreux produits alimentaires : on trouve des traces de filières équitables dans les années 40 entre les Etats-Unis et les producteurs du Sud3, et en France, c’est dans les années 70 qu’ont vu le jour les premiers magasins spécialisés4.

Même si le café et les produits chocolatés sont particulièrement bien représentés (respectivement 42% et 18% des ventes de produits équitables dans le monde), le commerce équitable s’est considérablement développé pour nous offrir aujourd’hui un large choix de produits. Vous pouvez ainsi retrouver dans vos rayons des aliments de base (riz, thé, sucre…) mais aussi des cosmétiques ou des produits transformés comme de la glace1.

“Ce n’est pas le commerce équitable qui va répondre à l’urgence climatique”

FAUX

Selon le rapport du Giec de 2018, un quart des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial provient de notre assiette5 : il existe donc une réelle nécessité de changer notre alimentation et nos modes de production.

Mais alors quel rapport avec le commerce équitable ? Il faut noter que selon Commerce Équitable France, 90% des références de produits équitables de filières internationales sont aussi labellisées bio1. Ces produits ont donc un impact moins important sur la planète, la biodiversité, les écosystèmes6 (retrouvez ici les principes de l’agriculture biologique). Pour les autres, la labellisation « commerce équitable » nécessite le respect d’un cahier des charges exigeant comprenant des dimensions sociales et économiques, mais aussi environnementales7.

Par ailleurs, en proposant une rémunération plus juste aux agriculteurs, le commerce équitable leur donne les moyens d’investir dans des modes de productions plus respectueux de l’environnement et les accompagne dans ce sens8.

Choisir des produits équitables permet donc de s’engager pour un monde plus juste, mais aussi pour une agriculture plus durable !

“Pour soutenir les agriculteurs, commençons par chez nous : il faut privilégier les circuits courts !”

VRAI ET FAUX

Il est en effet important de privilégier au maximum les circuits courts mais attention à ne pas tout mélanger : production locale ne veut pas forcément dire production équitable et ne garantit pas nécessairement un prix rémunérateur pour les producteurs. Elle ne garantit pas non plus un faible impact sur la planète : l’agriculture conventionnelle autorise par exemple l’utilisation de pesticides ou d’engrais chimiques qui peuvent avoir un impact important sur la biodiversité et les écosystèmes.

La démarche la plus durable serait donc de consommer local, équitable et bio. Malheureusement, même si cela est possible pour de plus en plus de produits, la production locale n’est pas toujours suffisante pour satisfaire la demande.

Alors : privilégier des produits locaux OUI, à condition qu’ils respectent les droits des producteurs et apportent des garanties sur leur impact environnemental (par exemple : des produits bio)7.

“Il vaut mieux manger local, ça évite la pollution des transports”

VRAI ET FAUX

Même remarque que pour l’idée reçue précédente : il est en effet important de privilégier les produits locaux, à condition qu’ils apportent des garanties sur leur impact environnemental et qu’ils offrent une rémunération juste aux producteurs !

Par ailleurs, il faut noter que la filière équitable œuvre pour réduire au maximum son impact lors du transport : les produits sont acheminés par bateau, l’un des moyens de transport les moins polluant9, et en grande quantité.

Enfin, le commerce équitable ne concerne pas forcément que les produits étrangers : en France, en 2020, 35% des produits équitables vendus étaient français1 ! Ce qui évite d’avoir à choisir entre local et équitable.

“Consommer des produits du commerce équitable c’est plus cher !”

PLUTÔT VRAI

Cette idée reçue n’est pas complètement fausse. En effet, les produits du commerce équitable sont généralement plus chers. Cependant, il faut noter que trop souvent, les produits à bas coûts pour les consommateurs comprennent des « coûts cachés » : ils sont générateurs d’inégalités et sont très coûteux pour la planète10. Un prix qu’on ne voit pas sur l’étiquette durant l’achat, mais que l’on paiera sur le long terme.

Il est par ailleurs intéressant de savoir à quoi correspond ce prix de vente des produits équitables : il comprend une rémunération plus juste pour tous les acteurs de la chaine de production, des techniques agricoles agroécologiques et non mécanisées (nécessitant donc plus de main d’œuvre), le recours à une certification qui peut être coûteuse mais riche de garanties pour le consommateur…

Alors oui, un produit équitable est souvent plus cher, mais il nous assure de ne pas cacher de coûts pour l’environnement ou pour la société que nous avons tendance à trop souvent oublier pour les produits traditionnels !

“Avec tous les labels de commerce équitable qui existent, c’est impossible de s’y retrouver !”

FAUX

Il existe effectivement plusieurs labels de commerce équitable et chacun apporte des garanties qui peuvent être très différentes. Mais il n’est pas impossible de s’y retrouver ! De nombreux outils existent aujourd’hui pour comprendre les spécificités de chaque label. Par exemple, l’association Fair[e] un Monde Équitable a publié en 2022 sa boussole des labels dans laquelle sont passés au crible 18 labels alimentaires pour permettre une consommation éclairée et engagée11.

Vous pouvez également utiliser des outils digitaux comme l’application gratuite myLabel, qui vous permet au moment de vos courses de décrypter en un scan les étiquettes de vos produits et les labels qu’elle affiche.

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