Au centre de multiples polémiques, l’huile de palme n’a pas fini de faire parler d’elle. Avec plus de 50 millions de tonnes produites chaque année, il s’agit de l’huile la plus consommée dans le monde, utilisée dans de nombreux produits alimentaires, cosmétiques et même dans les moteurs de voiture 3. Mais finalement, pourquoi éviter l’huile de palme ? Zoom sur un ingrédient à mauvaise réputation.
Les associations lui mènent la vie dure, et pour cause : cet ingrédient phare des pâtes à tartiner est l’une des causes principales de déforestation à l’échelle planétaire 2 avec notamment un impact sans précédent sur la biodiversité.
Au-delà de ses conséquences dramatiques pour la planète, l’huile de palme impacte aussi d’autres éléments : la santé des consommateurs, en augmentant les risques de maladies cardio-vasculaires 4, mais aussi les populations locales qui se voient proposer de mauvaises conditions de travail, et n’ont guère d’autre choix que de céder leurs terres aux investisseurs étrangers 5.
L’huile de palme est une huile végétale. Elle est extraite par pression à chaud de la pulpe des fruits du palmier à huile, un arbre à l’origine surtout présent en Afrique tropicale.
Aujourd’hui, les palmiers à huile sont cultivés dans différentes régions du monde. Très présents en Asie, l’Indonésie et la Malaisie produisent à eux seuls 85% de la production mondiale. On retrouve aussi des cultures de palmiers à huile en Afrique (autour du Golfe de Guinée) et en Amérique Latine 6.
Son apparition sur le marché français et européen daterait du début des années 2000. Avant cela, elle était surtout utilisée pour les produits bio ou diététiques car son origine végétale lui conférait une image de “bon gras” en comparaison des graisses partiellement hydrogénées 7. Mais à partir des années 2000, les industriels ont cherché à remplacer les graisses partiellement hydrogénées très présentes jusqu’alors dans leurs produits. La composition moléculaire de ces graisses est modifiée pendant leur fabrication, au cours d’un processus d’hydrogénation qui vise à augmenter la quantité d’acides gras saturés, mais qui a l’inconvénient d’ajouter des acides gras trans, nocifs pour la santé 8.
Ses propriétés physiques (bonne conservation, stable à haute température, absence d’acides gras trans…) ainsi que son faible prix ont fait de l’huile de palme l’ingrédient de substitution idéal pour répondre à cette demande des industriels 9:.
Elle a donc pris une place de plus en plus importante dans nos placards : Greenpeace estime qu’elle est présente dans environ la moitié des produits vendus en supermarché 10!
L’huile de palme a de nombreux usages, mais son utilisation dans les produits alimentaires reste la plus évidente pour bon nombre de consommateurs.
En effet, cette huile est très présente dans notre alimentation, notamment dans les pâtes à tartiner, mais pas seulement ! On peut la retrouver dans les friandises (gâteaux, brownies, tablettes de chocolats…), les chips et autres cacahuètes et les plats préparés industriels (quiches, pizzas, nuggets…).
Elle est aussi utilisée dans des produits plus inattendus : par exemple, la plupart des laits maternisés en contiennent 11, ainsi que les sardines en boîte, certaines glaces industrielles, thés glacés…
L’huile de palme n’est pas uniquement utilisée dans l’industrie agroalimentaire, au contraire !
Moins connue pour sa présence dans les produits de beauté et d’hygiène, elle est pourtant omniprésente dans notre salle de bain. Malheureusement, l’obligation d’affichage n’étant pas la même pour les produits cosmétiques que pour les produits alimentaires, elle y est moins facile à déceler.
L’huile de palme possède de nombreuses qualités : pour la peau, elle hydrate, prépare au soleil, aide à retrouver élasticité et douceur. Pour les cheveux, elle les protège des agressions extérieures (UV, eau de mer…), les hydrate et les rend brillants et doux 12. Les produits qui en contiennent sont donc très variés : shampoings, gels douche, mousses à raser, cires pour les cheveux 13…
Plus étonnant encore : au-delà des produits vendus en supermarché, nous pouvons en retrouver… dans notre voiture. Un usage encore peu connu : 82% des européens ignorent la présence de cet ingrédient dans les carburants (étude IPSOS14) . Et pourtant, en France, ce sont 75% des importations d’huile de palme qui sont dédiées à la production de carburant 15.
Mais pourquoi les industriels utilisent-ils cette huile végétale peu respectueuse de l’environnement ? Officiellement, les producteurs évoquent le fait qu’il ne s’agit pas d’une énergie fossile, contrairement au pétrole, et que sa présence dans nos carburants devrait contribuer à faire baisser les émissions de gaz à effet de serre.
Mais le réel avantage de cette huile est sa présence dans la liste des biocarburants jusqu’à son exclusion en janvier 2020 : elle était donc exonérée de taxes, une véritable niche fiscale pour les industriels 16! Depuis son exclusion, les conditions sont beaucoup moins favorables : une lueur d’espoir pour les associations.
Enfin, l’huile de palme est aussi utilisée pour produire de l’électricité et du chauffage 17.
D’après Greenpeace, l’huile de palme est l’une des premières causes de déforestation dans le monde. En effet, pour planter des palmiers à huile, les producteurs n’hésitent pas à brûler des forêts entières pour y installer leurs plantations, détruisant ainsi des centaines d’hectares de forêts et leur écosystème très riche. Pour donner un ordre d’idée, en Indonésie, l’un des deux plus grand producteurs d’huile de palme, c’est l’équivalent d’un terrain de football qui est détruit toutes les 25 secondes 18.
La destruction de ces forêts participe également au dérèglement climatique en contribuant aux 12% d’émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial liés la déforestation, soit l’équivalent du secteur des transports 19.
En plus de priver la planète d’arbres précieux, la déforestation a un impact dramatique sur la biodiversité : en détruisant des hectares de forêts, les producteurs privent de leur habitat naturel des milliers d’espèces (tigre de Sumatra, éléphants de forêt…). L’une des victimes la plus médiatisée est l’orang-outang : on estime que sa population a chuté d’au moins 90% sur l’Île de Sumatra (Indonésie) où la culture de palmiers à huile s’est développée 20.
L’impact de l’huile de palme sur la santé est un sujet qui anime.
Sa forte concentration en acides gras saturés est pointée du doigts : en effet, consommés en trop grande quantité, ils augmentent le taux de LDL dans le sang (aussi appelé “mauvais cholestérol”) et favorisent les maladies cardiovasculaires 21. L’huile de palme est l’une des huiles végétales qui en contient le plus : 49%, pour 6,6% dans l’huile de colza et 14,3% dans l’huile d’olive.
Mais c’est surtout la quantité consommée qui doit être prise en compte : en France, la moitié des adultes et un enfant sur trois consommeraient plus d’acides gras saturés que la quantité limite recommandée par l’Anses (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire) 22.
L’huile de palme est bien souvent accompagnée d’une grande quantité de sucre, dans les pâtes à tartiner ou tout autre confiserie sucrée, un mélange explosif particulièrement nocif, qui favorise l’obésité, le diabète et les maladies cardiovasculaire.
Par ailleurs, Greenpeace nous apprend que la déforestation liée à l’huile de palme notamment peut également avoir un autre impact très direct sur l’homme à travers les maladies infectieuses d’origine animale.
En effet, en détruisant leur habitat naturel, l’Homme favorise sa mise en contact avec des animaux sauvages et les virus qu’ils sont susceptibles de porter. Le risque de contagion est donc démultiplié. La déforestation a d’ailleurs déjà joué un rôle dans la propagation de maladies comme la malaria ou Ébola par exemple 23.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé Animale, on estime aujourd’hui que les maladies transmises de l’animal à l’Homme, appelées zoonoses, représenteraient 60% des maladies infectieuses contractées par l’humain 24.
Un autre impact de l’huile de palme, moins connu, se joue auprès des populations locales dans les pays producteurs d’huile de palme 25.
Par ailleurs, les conditions de travail offertes aux travailleurs locaux ont été pointées du doigts, notamment par Amnesty International. L’association dénonce des conditions de travail physiquement très difficiles, ne respectant pas le code du travail du pays, des rémunérations particulièrement basses, des cas de travail forcé ainsi que le travail d’enfants sur les plantations 26.
Plusieurs organismes tentent de faire évoluer les producteurs d’huile de palme vers une production plus durable.
Depuis 2003, il existe une certification mise en place par le RSPO (table ronde sur l’huile de palme durable), qui rassemble des ONG (WWF notamment) et des professionnels du secteur (distributeurs, producteurs…). Cette certification entend améliorer l’impact de l’huile de palme sur la biodiversité, la transparence, la préservation des ressources et le respect des employés 27. 19% de la production mondiale serait aujourd’hui certifiée RSPO 28.
Cependant, pour de nombreuses associations comme Greenpeace ou France Nature Environnement 29, cette certification n’est pas suffisante pour garantir une huile de palme durable car elle ne garantit pas l’absence de déforestation, le respect des droits humains ou encore la protection de la biodiversité 30.
Greenpeace dirige plutôt les consommateurs vers les producteurs mettant en œuvre le standard HCS (High Carbon Stock), qui a mis en place une méthodologie pour les entreprises souhaitant s’engager dans une production “0 déforestation” 31.
Mais alors : que faire pour réduire ces impacts ?
Le premier geste à adopter est de prendre conscience de notre consommation d’huile de palme et du nombre de produits que nous achetons qui en contiennent. Pour cela, bien lire les étiquettes est un bon réflexe, tout comme utiliser des applications mobiles comme myLabel pour la déceler.
Réduire ou stopper sa consommation d’huile de palme est sans aucun doute le meilleur réflexe à adopter. Il existe de très nombreuses alternatives aux produits contenant de l’huile de palme !
Pour conclure, il est indispensable de faire changer les marques et leurs recettes pour que la culture d’huile de palme telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui, avec ses excès, recule. Réduire ou stopper sa consommation de produits qui en contiennent envoie un message fort aux industriels qui verront leur chiffre d’affaire régresser.
Chez myLabel nous sommes d’ailleurs pleinement impliqués dans cette démarche : en communiquant aux marques des données anonymes et agrégées sur les attentes des consommateurs, nous les poussons à repenser leur offre produit pour proposer des alternatives plus responsables et durables. Utiliser l’application et permettre à myLabel de collecter vos attentes, c’est donc influer à votre échelle sur les marques pour faire changer leurs produits !
https://www.greenpeace.fr/huile-de-palme/
↩https://www.greenpeace.fr/deforestation-huile-de-palme-compte-a-rebours-final/
↩https://www.europe1.fr/sante/huile-de-palme-quels-effets-sur-la-sante-3671828
↩https://www.greenpeace.fr/huile-de-palme/
↩https://www.notre-planete.info/actualites/4077-huile-de-palme-sante
↩https://www.anses.fr/fr/content/les-acides-gras-trans
↩https://unctad.org/fr/PublicationsLibrary/INFOCOMM_cp08_PalmOil_fr.pdf
↩https://www.greenpeace.fr/deforestation-huile-de-palme-compte-a-rebours-final/
↩https://au-coeur-de-nos-produits.loreal.fr/ingredients/huile-de-palme
↩https://www.greenpeace.fr/biocarburants-lhuile-de-palme-dans-nos-moteurs-cauchemar-des-forets/
↩https://reporterre.net/L-avantage-fiscal-de-Total-pour-l-huile-de-palme-attaque-en-justice
↩https://www.greenpeace.fr/huile-de-palme/
↩https://www.greenpeace.fr/deforestation-huile-de-palme-compte-a-rebours-final/
↩https://www.oie.int/fr/pour-les-medias/une-seule-sante/
↩https://www.wwf.fr/projets/classement-entreprises-huile-de-palme
↩https://www.parismatch.com/Actu/Environnement/Huile-de-palme-le-mirage-de-l-or-rouge-1659000
↩https://www.greenpeace.fr/standard-hcs/
↩